Je n’ai jamais chassé de ma vie, surtout parce que je manque de temps et aussi, je dois l’avouer, parce que j’ai toujours eu cette petite peur de tuer ou de blesser un animal.
Tout a changé après ma rencontre avec Stéphane Monette. Depuis qu’on s’est rencontrés, il me parle toujours de la chasse à l’ours en me disant que c’est une chasse d’initiation, que c’est parfait pour commencer cette activité. Pas besoin de marcher ni de se camoufler, on doit simplement être assis dans une cache avec un appât et attendre. En plus de ça, il me répète souvent que la viande d’ours est une des meilleures.
J’ai finalement décidé d’accepter d’accompagner Stéphane dans sa chasse à l’ours lorsqu’il m’a expliqué sa vision de l’équilibre de la nature. Au début, je me disais que j’allais y aller pour avoir de la viande, mais en parlant avec Stéphane, je me suis dit : « non, OK, j’ai un devoir ». En fait, l’ours noir n’a pas de prédateurs naturels, alors il se multiplie, mange des bébés originaux, ses propres bébés… un peu de tout en fait parce qu’il est opportuniste et dévore tout ce qu’il trouve sur son chemin. C’est donc pour régulariser la situation qu’il est important d’agir.
En sachant tout ça, c’est alors devenu vraiment important pour moi de faire quelque chose et c’est à ce moment que j’ai accepté que nous, les humains, soyons nous aussi des prédateurs et qu’il soit OK de chasser.
Vous comprenez mon raisonnement? Je ne peux pas parler pour tout le monde, mais, en gros, ce que je veux dire est que, si je vois une araignée, je ne la tuerai pas. Je vais plutôt la sortir de ma maison, tout simplement, parce qu’elle, elle a des prédateurs. Quand, au contraire, il s’agit de tuer un ours, pour aider à régulariser l’équilibre de la nature, alors là, je suis partant pour le faire.
C’est donc avec ce mindset que je me suis décidé d’aller chasser l’ours, mais je dois vous avouer que le jour J, quand je suis entré dans le bois, j’étais vraiment stressé; je voulais tout faire sauf blesser un ours. Je me disais que jamais je n’allais tirer si je n’étais pas certain de le tuer d’un coup.
Une fois assis dans la cache, Stéphane m’a bien coaché. Il m’a montré l’endroit « vital », c’est-à-dire l’endroit où je devais tirer pour tuer un ours d’un coup. Tout ce qu’il restait à faire après ça, c’était d’attendre, d’écouter la nature. Stéphane m’a dit que j’entendrais le bruit d’une branche craquer et… lorsque j’ai entendu un bruit sourd, j’ai compris qu’un ours approchait. Je me suis mis à observer autour de moi et je l’ai vu au fond de la forêt. Ça a pris environ 4 heures avant que ce moment arrive.
Stéphane m’avait bien averti : « Dès que tu le vois, tu n’hésites pas, et tu tires! » J’ai tapé sur la cuisse de Stéphane, puis il m’a fait signe d’y aller, de tirer.
À ce moment-là, l’ours était de dos, alors j’ai attendu qu’il se retourne, ce qu’il a fait. Vous ne me croirez peut-être pas, mais je vous jure que j’ai eu un genre de « eye contact » avec lui. J’ai tiré directement dans la zone vitale dans sa colonne vertébrale et ça a été fini. Il n’a pas eu le temps de souffrir, il est tombé direct. J’étais tellement fier de moi. Pour moi, je me devais de bien faire les choses.
Les chasseurs parlent de « récolter » au lieu de « tuer » et c’est vraiment ça que j’ai ressenti après que l’ours soit tombé. Vraiment, les chasseurs rendent hommage aux bêtes qu’ils abattent. Ils sont fiers de l’animal et veulent bien le traiter jusqu’à la fin.
Ainsi, à la lumière de ma première chasse, je peux vous dire avec certitude que c’est maintenant une vocation que je vais continuer à développer. Assurément, il n’y a rien de plus frais et de plus naturel que ça comme viande.
D’ici ma prochaine expérience, je vous souhaite à tous bonnes « récoltes » et bon BBQ!
1 commentaire
Et je peux vous dire qu’une fesse d’ours, c’est délicieux, l’ours de printemps. Moins grasse. À La Tuque, les amérindiens nous ont montré la cuisson. Braisé, avec assaisonnements, oignons etc. Mis en pots et cuisson pendant 3 heures pour le cannage. C’est un Pur délice.